Le Caylar, village fortifié du Larzac dans l'Hérault
Le Caylar, village du Larzac
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Ancien chef lieu de canton, le Caylar est situé sur la partie héraultaise du Causse du Larzac, le Larzac méridional, à 70 km au nord-ouest de Montpellier et 20 km au nord de Lodève, sa sous-préfecture. Son altitude s’étage de 719 m à 840 m, au sommet du Roc de Servières. La commune a une superficie de 2100 hectares. Anciennement traversé par la Nationale 9, il est aujourd’hui situé au bord de l’autoroute A75 qui relie le nord et le sud de la France. Avec d’autres routes partant vers le Vigan, Ganges et Nîmes à l’est et Bédarieux à l’ouest, c’est un véritable nœud routier.
Histoire
Le nom du Caylar vient du latin castellare qui désigne un endroit fortifié. Il est mentionné pour la première fois en 988 dans le testament de Saint Fulcran sous le nom de Castelaro. Ce n’est que depuis 1771 que le nom sous sa forme actuelle est définitivement fixé.
Le Caylar est occupé depuis la préhistoire. Des fragments de poterie allant du Chalcolithique à la période gallo-romaine y ont été découverts. Sur le Roc Castel, des maisons taillées dans le roc datent de l’époque carolingienne.
A partir de la première mention du Caylar en 988, dans le testament de Saint Fulcran, évêque de Lodève, il est avéré que les évêques de Lodève sont les seigneurs du lieu. Ils portaient le titre honorifique de « barons du Caylar ». Le testament mentionne plus précisément l’église Saint-Martin, aujourd’hui disparue, fouillée entre les années 1970 et 1990, qui se situait au bord de l’actuelle avenue de Lodève, en dehors du village.
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A partir du 12e siècle, les évêques commencent à faire construire le château qui sera achevé au milieu du 13e siècle, mais agrandi ou remanié par la suite. Pendant la Guerre de Cent Ans, le village est la cible des routiers (mercenaires en rupture de solde) et il est même un temps occupé par eux.
Pendant les Guerres de Religion, le Caylar connaît de nombreux combats et le village et le château changent plusieurs fois de mains entre Protestants, Catholiques et troupes royales. Le château est finalement détruit à la fin des deuxièmes Guerres de Religion, en 1628-1629.
La Révolution Française voit l’installation d’une brigade de gendarmerie au Caylar, en 1791.
Entre 1855 et 1864, l’actuelle église Saint-Martin est reconstruite sur le site de l’ancienne église Notre-Dame-de-l’Hôpital.
L’école mairie est construite à partir de 1873 et inaugurée en 1890, les lavognes en 1884. En 1890, c’est la construction de la nouvelle caserne de gendarmerie, aujourd’hui devenu ESAT.
L'arbre sculpté du Caylar
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Dans bien des villages du Larzac, la place centrale est ornée d’un orme champêtre. Le Caylar avait ainsi son orme, planté à une date indéterminée sur cette même place. Au milieu des années 80, comme la plupart des ormes de France, il était atteint par la graphiose. Bientôt ce ne fut plus qu’un arbre mort, triste et laide carcasse condamnée à être arrachée. Jusqu’au jour où la magie d’un sculpteur lui a redonné une seconde vie. En 1987, la municipalité du Caylar décidait en effet de le faire sculpter. Un artiste d’origine bretonne, Michel CHEVRAY, héraultais d’adoption, fut choisi pour réaliser ce projet.
Michel CHEVRAY, ancien élève de l’école des Beaux-Arts de Lorient, est d’abord un spécialiste de la gravure et l’auteur de belles eaux-fortes. C’est également un peintre de talent qui s’exprime tout autant dans l’art abstrait que dans l’art figuratif. L’arbre du Caylar a été sa première sculpture importante. Après quelques ébauches faites dès 1987, il réalisa l’œuvre en deux saisons, d’avril à septembre 1988, puis durant la même période en 1989. Cette sculpture aura finalement demandé environ 2 000 heures de travail.
Il s’agit d’une œuvre essentiellement figurative. L’arbre est peuplé, de la base du tronc jusqu’à la cime des branches de toute une cohorte de personnages, d’animaux, de plantes et d’allégories. La plupart des éléments évoquent assez clairement la vie sur le plateau du Larzac. Beaucoup sont le fruit de rencontres qu’a fait l’artiste durant la réalisation de son œuvre. Car, pendant deux saisons, la grande attraction de la place fut de contempler le sculpteur au travail. Michel CHEVRAY ne refusait jamais d’engager la conservation et de répondre aux nombreuses questions qu’on lui posait. Son inspiration s’est donc nourrie des échanges et des contacts avec les habitants du village et les gens de passage.
Sur le tronc, un berger, personnage emblématique des causses, porte sur ses épaules un agneau. De l’autre côté autre berger est accompagné de son chien. Suspendue au-dessus de lui, une femme, peut-être la muse inspiratrice de ses songes et de ses rêves. Entre les deux bergers, une « cardabelle », superbe chardon dont on a fait un des symboles du Larzac et plus largement des Grands Causses. Complètent la frise, un cheval, un renard, une chouette et enfin une feuille de chêne avec un gland qui peuvent être ceux du chêne pubescent, ou chêne blanc, arbre typique du Larzac. Un puissant bélier porte les deux premières branches. Sur l’une d’elles, un beau lézard accompagné d’un batracien – grenouille ou crapaud- et, à la cime, une morille.
Sur l’autre branche, une perdrix est surmontée d’une sculpture énigmatique, une étrange tête humaine pensive, mi-morte, mi-vivante. Cette figure pourrait être vue comme une sorte de symbole du Larzac, un pays de « solitudes pétrées », selon l’expression du géographe Paul MARRES, un pays semblant hostile à la vie où, malgré tout, des communautés humaines établies depuis plusieurs millénaires se sont, en dépit des difficultés, maintenues jusqu’à aujourd’hui. La branche est terminée par des éléments végétaux : des trompettes de la mort, une fleur et un épi.
À la fourche de deux autres branches, un sanglier – une espèce commune sur le causse -, porte sur son dos un majestueux rapace dont l’air martial semble terroriser un frêle écureuil. Deux serpents enchevêtrés supportent un homme nu aux lunettes de soleil. Ce personnage accroché à un parapente imaginaire est un hommage du sculpteur à tous ceux qui pratiquent sur le plateau des sports de plein air. À la cime de l’autre branche traitée d’une manière abstraite, se dresse un coq fringant et superbe. Sur la branche suivante, un gros hanneton est surmonté des alvéoles d’un nid d’abeille où l’insecte est représenté à plusieurs stades de sa croissance.
Plus haut, c’est un bébé qui va naître. La cime a été traitée de manière abstraite. La dernière branche est presque entièrement restée brute, elle rappelle l’état initial de l’arbre. Seuls l’animent une petite mouche peinte et, au sommet, un masque de style océanien, également peint. Ce dernier élément est un hommage de Michel CHEVRAY à un autre sculpteur, Hucke PETERO, un artiste polynésien à qui l’on doit en quelque sorte l’arbre du Caylar. En effet, cet artiste a lui aussi sculpté un orme, un peu avant celui-ci, à Cornus, une commune voisine située en Aveyron. Là-bas, le sculpteur a traité l’arbre selon la tradition polynésienne avec des figures stylisées et des motifs symboliques.
Aujourd’hui cette œuvre, bien moins monumentale que l’arbre du Caylar – il s’agit seulement d’un tronc et du début des branches — est conservée à l’abri dans la mairie. Or c’est l’arbre de Cornus qui a donné l’idée à la municipalité du Caylar de faire sculpter l’orme mort de la place.
source: https://le-caylar-en-larzac.fr/
Photos de Sébastien COLPIN @2024