Village de Saint-Raphaël en Dordogne et la légende du tombeau de Saint-Rémy
Au Xe siècle, le village était formé autour d'un prieuré dépendant de l'abbaye de Tourtoirac. Ce prieuré dans lequel vivaient quelques moines possédait une immense église, vraisemblablement trois fois plus grande que celle d'aujourd'hui. Il n'en reste malheureusement que des vestiges (deux colonnes). Elle fut détruite pendant la guerre de Cent Ans qui sévit à cette période sur tout le Périgord.
La légende du tombeau de saint Rémy par Eugène Leroy
« … saint Rémy a encore une autre dévotion en Périgord ; c’est à Saint-Raphaël, sur les hauteurs, entre Cherveix et Excideuil. Il y a là, dans l’église, le tombeau du saint que l’on va chevaucher, comme à Auriac on se frotte à sa statue, pour guérir de toutes sortes de maladies et douleurs, et on y est guéri comme à Auriac.
Autrefois, le tombeau de saint Rémy n’était pas au bourg de Saint-Raphaël, mais à une cafourche de quatre chemins, où aboutissaient quatre paroisses : Cherveix, Anlhiac, Saint-Médard et Saint-Raphaël. Comme ce tombeau attirait beaucoup de monde, ces quatre paroisses se le disputaient. Un jour, les gens d’Anlhiac amenèrent leurs meilleurs bœufs, les attelèrent à la pierre du tombeau, mais ne purent la faire bouger d’une ligne. Ceux de Saint-Médard essayèrent ensuite et ne réussirent pas davantage. Alors les riches propriétaires de Cherveix, avec leurs grands forts bœufs de la plaine, bénits pour la circonstance, montèrent sur les coteaux et à leur tour essayèrent d’entraîner la susdite pierre ; mais sans plus de succès que les autres. Enfin les gens de Saint-Raphaël vinrent en procession avec un âne — tout ce qu’ils avaient, les pauvres ! — et après que le curé eut invoqué le grand saint Rémy, l’âne attelé au tombeau traîna facilement la pierre, à travers les friches, jusqu’à Saint-Raphaël, où elle est restée. Voilà ce que racontent les gens du pays ; moi, je ne garantis rien. »
La commune porta, au cours de la période révolutionnaire de la Convention nationale (1792-1795), le nom de Monchemin.
L'Eglise
Les fidèles se rendent chaque année dans ce petit village perché, plein de charme, qui connut un passé prestigieux. Une messe est célébrée à l’occasion de la Saint-Rémy, dans l’église dont la façade précédée de deux piles particulièrement imposantes, de style roman, inscrites à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques, donne toute la mesure de l’importance de l’édifice qui s’érigeait ici.
Le tombeau de Saint-Rémy est situé à l’intérieur de l’église. Il est accompagné d’une statuette à l’effigie du Saint guérisseur et fut longtemps l’objet de pèlerinages.
Il y a dans cette paroisse une grande dévotion : les uns viennent y implorer la protection du Saint contre la grêle, d’autres y viennent demander la guérison de leurs membres souffrant de rhumatismes, de la goutte et pour une plus grande efficacité, les frottent sur la pierre du tombeau.
La légende du tombeau raconte que celui-ci n’était pas au bourg mais au carrefour de quatre chemins où aboutissaient quatre paroisses : Cherveix, Anlhiac, Saint-Médard et Saint-Raphaël. Chacune d’elles convoitait l’inestimable sépulture aussi un défi fut lancé : la paroisse qui réussirait à convoyer le tombeau jusqu’à son église, le garderait. La légende révèle qu’après les échecs des paroisses avoisinantes, les gens du village vinrent en procession avec un âne très chétif et, après que le curé eut invoqué le grand Saint-Rémy, l’âne attelé au tombeau traîna facilement la pierre, à travers les friches, jusqu’à Saint-Raphaël où elle est restée.
Aujourd’hui encore, on peut admirer ce magnifique tombeau restauré.
LE TOMBEAU DE SAINT-RÉMI À SAINT RAPHAËL
Cette légende raconte qu'une imposante pierre tombale convoitée par 4 paroisses fût tractée par un petit âne chétif, guidé par le Saint qui voulait rentrer chez lui...
Par un matin d’automne sombre et humide, un paysan qui se rend dans ses champs, aperçoit un objet gris dont le sommet, émerge à peine des hautes herbes. Il s’approche avec prudence et voit couché tout près de la croix de chemin, une longue pierre noirâtre.
"On dirait une pierre tombale" se dit-il, tombée du ciel sans–doute mais sans fracasser la croix de Pierregrelière !
Croix de Saint-Raphaël
Il pense que c’est un miracle mais brutalement, il se met à trembler car il songe que le diable aurait pu organiser ce drôle de voyage. Il s’éloigne rapidement car il redoute la présence du Malin. Il se signe à plusieurs reprises et prie les grands saints du paradis, pour mettre en fuite Satan et ses amis.
Sa journée de travail terminée, il rentre chez lui et passe par le carrefour de Pierregrelière. La pierre est toujours là. Comme il est curieux et bavard, après en avoir discuté avec ses voisins, il décide d’aller consulter « la Zélia ». Cette vieille femme qui vit au milieu des bois, loin des autres, passe pour être très savante. Elle connaît les plantes, les arbres, les animaux, les cours d’eau et en étudiant de vieux parchemins, elle a beaucoup appris sur l’histoire de cette terre. Elle en connaît les secrets qu’elle livre avec parcimonie car certains villageois, la prennent pour une folle.
Ce jour-là, ils ont de la chance, elle est d’excellente humeur et elle accepte tout de suite, d’aller voir cette fameuse pierre. En arrivant au carrefour, elle ressent un choc terrible, elle l’a déjà vue mais où ? Elle s’assoit, se prend la tête entre les mains et réfléchit.
Les autres s’impatientent mais tant pis, il lui faut du temps pour réveiller sa mémoire. Elle se lève, pousse un cri de victoire, elle sait : cette pierre est la tombe d’un saint guérisseur qui s’appelle Rémi. Autrefois, il vivait, pas très loin d’ici, et enfant, en tapant sur des pierres, il avait fait jaillir une source miraculeuse.
On la presse de questions mais elle n’est pas capable de répondre, elle ne sait plus ; avec le temps elle a oublié tant de choses ! Heureusement une idée géniale parvient à son cerveau : proposer à plusieurs paroisses de venir chercher la pierre, le saint reconnaîtra bien la sienne.
Les villageois décident d’organiser ce drôle de concours. Le dimanche suivant, trois paroisses sont en lice et souhaitent récupérer la pierre tombale. Le jour dit, la paroisse de Saint Médard arrive avec un bel attelage qui en principe, devrait être le lauréat de cette compétition. On attache la pierre et on ordonne aux animaux, de puissants chevaux, de tirer. Au bout de quelques mètres, totalement épuisés, ils s’arrêtent car la pierre est bien trop lourde pour eux. Leurs maîtres dépités et découragés décident d’abandonner la partie.
C’est au tour de la paroisse d’Anlhiac de se présenter. Sa charrette est tirée par de très gros bœufs et les cordes très solides qui vont être utilisées, pourraient lui permettre de ramener ce saint guérisseur, dans son église. Contre toute attente, les cordes rompent et les bœufs s’époumonent. La vieille Zélia constate que le convoi n’a pas bougé d’un pouce.
L'église de St-Raphael et ses colonnes inscrites aux Monuments Historiques
Alors arrive la paroisse de Saint Raphaël avec son petit âne gris. Parmi les spectateurs c’est l’étonnement et les moqueries : comment tirer cette pierre avec un animal si petit, si malingre ? On attache la pierre à l’âne et on le supplie de tirer et il obéit. La pierre glisse doucement sur le chemin, elle semble aussi légère qu’une plume et le petit âne la ramène fièrement dans son église.
Saint-Rémi a voulu revenir chez lui et il a montré le chemin au petit âne gris, devenu dans sa paroisse, un véritable héros. Le saint a enfin retrouvé son église dressée sur cette crête, qui chevauche les vallées de la Loue et de l’Auvezère.
Depuis ce miracle le tombeau du saint n’a plus quitté sa paroisse. La convoitise de certains, en raison de ses qualités de guérisseur, l’avaient arraché à cette terre qu’il aime tant, la foi, l’honnêteté et la sincérité des habitants du village, l’y ont ramené...